La bagarre

14,8 x 21 cm
24 pages
Edition of 50 copies
2025

10€

Nous téléportions les hommes trop énervés dans des ZLT — Zones de Lutte Contrôlée — histoire qu’ils se foutent sur la gueule entre eux, loin de nous.

Les bagarres avaient alors lieu dans des kill houses, architectures pâles d’un décor militarisé : maisons factices alignées le long de fausses rues, dans de faux villages. Un espace tampon. Des octogones isolés du temps social. Sans gradins, sans public, sans caméras qui émettaient vers l’extérieur. Leur violence devenait une boucle fermée.

Sans audience, sans témoins, leurs combats n’étaient plus qu’un pur gaspillage d’énergie, qui finissait par se tarir de lui-même. Pourquoi continuer à se battre, s’il n’y a personne pour encourager, célébrer, fêter le vainqueur ?

Mais tous ne s’arrêtaient pas. Pour ceux-là, il existait, dans les zones les plus profondes de ces villages, des pièces particulières. Sur les murs, des miroirs incassables. Là, ceux qui le souhaitaient pouvaient continuer à se battre, indéfiniment, contre leur propre reflet.


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